L’
édito de Fortuné Piche
” Je suis né dans la chambre dans laquelle je dors encore aujourd’hui.
J’ai jamais été un grand voyageur. Ma vie elle est ici, à La Suffrène.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été agriculteur-viticulteur,
comme mon père et mon grand-père avant lui. Chez nous, on est paysan
de père en fils.
Mon père était un travailleur, un homme bon, qui m’a toujours laissé
faire ce que je voulais. Mais il n’avait pas l’ambition qu’avait mon
grand-père. Mon grand-père était un entrepreneur, un homme grand et
au ventre toujours plat. C’est lui qui m’a appris le métier. Il a commencé
en travaillant au domaine de La Garenne, en fermage :
Il exploitait les terres d’un autre et le rétribuait avec une somme d’argent
ou un pourcentage sur la production. Il a bien vendu son vin et les
affaires ont été bonnes. Si bien qu’il a racheté le Domaine La Suffrène en
1910. Il est ensuite devenu adjoint au maire de La Cadière d’Azur.
A l’époque, La Cadière était un vieux village qui tombait un peu en
ruine. C’était pas aussi beau qu’aujourd’hui. C’est pour les touristes
qu’ils ont tout refait. Entre le village et le domaine, à la place de l’autoroute
d’aujourd’hui, il y avait un immense marécage. Le matin, le père de mon
meilleur ami (qui habitait à quelques mètres de la maison) venait me
chercher avec son cheval. Il nous montait jusqu’au village à travers les
marécages. Moi et mon collègue, on allait à l’école à dos de cheval. C’était
comme ça…. “